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L’Ultra cyclisme n’est pas un long fleuve tranquille, mais que la victoire est belle ! Bravo Théo.

Transcontinental Race 2022

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De la Belgique à la Bulgarie, les vacances à vélo insolites du Bihorellais Théo DANIEL

Proche, ami, ou simple connaissance, qui apprécie Théo Daniel l’aura certainement suivi de loin, grâce à internet, dans sa dernière aventure. C’était il y a quelques jours, sur la Transcontinental Race n° 8, autrement nommée la #TCRN°8, cette épreuve cycliste d’ultra-endurance qui, pour son édition 2022, s’est élancée à travers l’Europe le 24 juillet et s’est achevée début août.

Le principe était le suivant : partant de Grammont, en Belgique, chacun devait atteindre Bourgas, en Bulgarie, sur les bords de la Mer Noire, en restant libre de son parcours (hormis quelques tronçons obligatoires) avec nécessité toutefois de faire tamponner sa carte de route sur les 4 points de contrôle répartis le long du parcours. Gare à celui qui, le nez dans le guidon, distrait ou plus vraisemblablement harassé de fatigue, aura passé le check point en oubliant de pointer !

Alors que 276 cyclistes étaient sur la ligne de départ, 104 franchirent dans les temps, une dizaine de jours plus tard, la ligne d’arrivée (le 1er étant Christoph Strasser N°100). La plupart s’étaient élancés en solo, quelques-uns avaient choisi l’option duo car l’avantage, à deux, c’est qu’on peut se soutenir mutuellement et ainsi espérer dépasser la performance individuelle. Rouler en solo ou en duo : l’un et l’autre présentent forcément des avantages, mais aussi, bien entendu, quelques inconvénients. Habituellement solitaire, Théo avait choisi d’expérimenter, pour la première fois, l’option duo, roulant donc en « paire » avec son copain Stéphane Ouaja.

Un internaute relatant la Transcontinental 2022 sur Twitter (# un Bullit dans la ville) raconta qu’il s’était rendu au départ de la course pour voir ces « foufous » prendre le départ (et c’est bien vrai, n’est-ce pas, qu’il faut être un brin zinzin pour consacrer ses vacances à pareille épreuve !…). Les énergumènes en question étaient, dans toute la ville, repérables à la fameuse casquette numérotée et estampillée TCR, qu’ils arboraient fièrement vissée sur la tête : 252a pour Théo, 252 b pour Stéphane.

Théo s’était préparé pendant des mois et des mois, notamment avec l’USCBB Bois-Guillaume Bihorel, son club FFC. La TCR, pour Théo, c’était l’objectif vélo 2022. Son vélociste L’Echappée l’a soutenu dans la préparation du vélo et le papa a longuement bichonné ce dernier. Il est aussi reconnaissant envers son kiné, Brice du Pôle santé sport, qui a mené à bien la rééducation nécessitée par un traumatisme antérieur et lui a prodigué de précieux conseils afin qu’endurance et ménagement du corps puissent concorder au mieux.

Aujourd’hui, écouter Théo parler de la TCR, c’est retenir que 14 pays ont été traversés, le passage de l’un à l’autre s’effectuant parfois sans même s’en rendre compte, les frontières n’étant plus matérialisées. Il arriva même, à la faveur des méandres du parcours, qu’on en quitte un pour y pénétrer à nouveau quelques heures plus tard. C’est entendre aussi que, pourtant, certaines frontières physiques subsistent encore au sein de l’Europe, nécessitant l’examen lent et minutieux du passeport ou de la carte d’identité enfouis au fond des sacoches… L’écouter, c’est aussi l’imaginer en train de lutter contre la fatigue, s’adapter aux températures (alors particulièrement élevées), résister à la pluie, progresser tantôt sur des routes bitumées tantôt sur des chemins, affronter des conditions difficiles liées à l’altitude, gérer sa faim, son stock de nourriture, sa réserve d’eau, son sommeil et ses petits bobos… En effet, dans la Transcontinental, l’autonomie est de rigueur : pas d’assistance, pas de ravitaillement, pas de kiné ! Rien à voir donc avec le Tour de France aux routes asphaltées et fermées à la circulation. Quant au fait de rouler en duo, cela nécessite de s’accorder au rythme de l’autre. Exercice pas toujours facile quand la préparation des corps et du matériel n’a pas été identique, quand il faut faire des choix stratégiques concernant les parcours, les phases de repos et quand, fatigue aidant, de gros efforts diplomatiques deviennent nécessaires pour que s’accordent les violons… Toujours est-il que, malgré les hauts et les bas, le duo a tenu bon, restant au fil des jours et des kilomètres toujours en tête dans sa catégorie. Belle performance donc, même si nos deux athlètes aux caractères bien trempés avaient l’espoir, en conjuguant leurs forces, de rivaliser avec les tous premiers. Leurs efforts n’auront pas été vains puisque c’est dans le top 30 qu’ils ont atteint l’ultime étape.

Dans l’adversité, quel baume au cœur de se savoir soutenu par votre entourage ou par des inconnus qui suivent les péripéties de la course grâce au site internet de la TCR et aux réseaux sociaux. Leurs encouragements sont précieux, sans oublier le soutien de l’Echappée, de l’USCBB Cyclisme, mais aussi du GTR, club de vélo familial, adepte d’une allure modérée, auprès duquel Théo avait, à l’adolescence, fourbi ses premières armes de cyclotouriste.

Ecouter Théo parler de « sa » Transcontinental, c’est aussi l’entendre raconter cette petite anecdote qui sonne comme une ultime reconnaissance. Une fois franchie la ligne d’arrivée, il avait fallu rentrer à Rouen au plus vite. Il aurait bien fait ce trajet de retour à vélo (il n’était plus à 4000 km près !) mais, pour arriver au travail en temps et en heure, ce n’était guère envisageable. Il avait donc rejoint Rouen par d’autres moyens : un saut en avion, suivi d’une traversée en ferry, de quelques kilomètres en train, puis, après une petite sieste, il avait enfourché à nouveau son vélo pour rejoindre son lieu de travail. C’est au cœur de la ville qu’un cycliste inconnu, croisé sur le chemin, lui a lancé : « bravo ! ». Bravo, ce petit mot qui fait chaud au cœur, ce petit mot qui salue la performance (4149 km en 12 jours 2h et 12mn, soit environ 350 km/j !), ce petit mot qui ravive le souvenir de paysages grandioses et de formidables rencontres, ce petit mot qui, il faut bien le dire, sonne aussi comme un encouragement pour les projets à venir.

Qu’ils soient foufous, hurluberlus ou un peu zinzins, Théo et ses copains, ces sportifs de l’extrême, ces aventuriers des temps modernes, n’ont pas fini de susciter des sentiments d’admiration mêlés d’une certaine perplexité. Quant au bilan carbone, certains ont pu lui reprocher d’avoir emprunté l’avion. La critique est certes recevable, mais avant de la formuler, à chacun de méditer sur son propre bilan carbone. En l’occurrence le jeune homme parcourt chaque année à vélo – puisque, depuis bien longtemps, c’est son mode de déplacement au quotidien – infiniment plus de kilomètres qu’il n’en parcourt à l’énergie fossile (voiture, ou, exceptionnellement, avion).

Bravo Théo, bravo Stéphane. En duo ou en solo : Vive le Vélo !

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