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ATLAS MOUNTAIN RACE 2023.

Départ le 3 février. Maroc, de Marrakech à Essaouira.

Parcours 1336 km et 20200 m de dénivelé +.

Sur 200 coureurs au départ, Théo DANIEL, membre de l’USCBB Cyclisme bois-Guillaume finira 8ème.Il y aura comme toujours sur ces courses de nombreux abandons !Course internationale de haute qualité, les meilleurs mondiaux étaient présents.

Le récit de Théo :

Atlas Montain Race 2023 : comment vous raconter cette course, ou plus exactement « ma » course, c’est-à-dire telle que je l’ai vécue, très similaire et pourtant bien différente de celle que j’avais vécue en 2020 ? Et bien tout simplement la voici, telle je me la remémore, tant sur le plan sportif que sous ses aspects logistique et technique.

A mon retour en France, j’ai procédé à une analyse des datas : sur 5 jours, j’ai roulé en moyenne 19 heures par jour, avec 2h de pauses supérieures à 8 mn (repas, ravitaillements), 1h30 de sommeil et 1h de micro-pauses de moins de 5 mn (arrêts pipi, hydratation, changement de vêtements, graissage de la chaine…).

La course avait démarré à 18h le vendredi. Nous avons gagné rapidement les montagnes tandis que la nuit arrivait et que les températures se rafraîchissaient, passant de 20° au départ à – 6° en haut du col (2800 m d’altitude). L’approche du sommet était enneigée et la descente, moins bien exposée, l’était encore plus, ce qui m’a obligé à en parcourir une grande partie à pied. Heureusement, sur cette piste très étroite, véritable champ de cailloux inaccessible à des véhicules motorisés, la pleine lune m’avait aidé à repérer les traces des concurrents qui m’avaient précédé.

Après 130 km, me voici arrivé au check point numéro 1 (CP1), avec 1 h de retard par rapport à 2020. Le stress provoqué par les -10° que la météo avait annoncés s’est estompé. Finalement, on n’a eu « que » – 6° et j’ai réussi à gérer ce froid sec. Cela m’a donné confiance pour la suite. A peine le temps de pointer ma carte de course et de manger une tajine et me voilà reparti 20 mn plus tard. Les températures restent négatives toute la nuit, je gère mon effort sans difficulté jusqu’à 14h. Je comprends à ce moment-là, car il fait jour, les erreurs que j’ai commises en 2020, sur ce même tronçon : il faisait alors nuit noire, je n’avais aucun repère et, faute d’avoir trouvé la piste, j’avais roulé dans le lit asséché de la rivière au milieu des cactus et de la caillasse…et j’avais crevé plusieurs  fois !

L’après-midi s’est avéré compliqué. 9h m’ont été nécessaires pour parcourir à peine 100 km sans aucune localité à l’horizon. Un long moment, à cause de la traversée d’une rivière, je suis resté avec le bas du corps tout trempé, y compris les chaussettes et les chaussures. Mais heureusement le soleil m’a permis d’être sec à temps pour affronter une seconde nuit glaciale. Dans le souvenir que j’avais de 2020, cette portion n’était pas si difficile : cela me met un gros coup au moral. En plus, je fais face à un problème logistique. En effet, j’arrive à 23h dans la ville où j’avais prévu de me ravitailler : tout est fermé. Or j’ai absolument besoin d’eau et de nourriture pour affronter les 12h à venir puisque je le sais, je ne trouverai rien ensuite sur la route, ou si, peut-être, je trouve quelque chose, cela risque d’être fermé vu l’heure avancée de la nuit. Mais la chance me sourit : je trouve une personne qui connaît un commerçant  sympa qui accepte de rouvrir son magasin pour moi ! Grâce à eux, tout s’arrange ! Je repars reboosté et confiant. Une heure après, vers minuit, je m’accorde une heure de sommeil, dans mon duvet, à la belle étoile, sous les palmiers, dans un relatif confort puisque la configuration des lieux a permis de conserver une certaine chaleur (10°). Dans mon cerveau s’échafaude une stratégie : m’arrêter le moins possible pour arriver vers 20h au CP2, y dormir 3 ou 4 heures, repartir avant minuit afin de parcourir les 320 km qui permettront d’atteindre le CP3 27 heures plus tard, vers 3 ou 4 h du matin. Ainsi je pourrai passer deux nuits « au chaud ». Bon, d’accord, quand je dis « nuits », cela veut dire en réalité « siestes » de quelques heures.

J’en ai conscience, ce programme est très ambitieux et ce, d’autant plus, que deux des trois plus grosses difficultés du parcours se situent sur ce tronçon de course. Mais je suis confiant, je connais bien le parcours puisque j’ai longuement préparé mon itinéraire en prenant pour base mes propres temps de passage d’il y a 3 ans (j’avais pris soin de les enregistrer). J’ai bien noté aussi sur mon roadbook les difficultés du parcours telles que je les avais repérées en 2020. Tout se passe alors comme sur des roulettes, conformément à mon plan, et j’arrive à 19h au CP2. Je dors 2h50 dans une chambre partagée avec un Américain et je repars peu avant minuit. Je me sens vraiment comme dans un cercle vertueux et motivant. La fameuse « route coloniale », redoutée de tous avec ses ponts effondrés qui obligent à descendre dans le ravin le vélo à bout de bras, est LA difficulté numéro 1 de la course. Je la survole, à mon propre étonnement. J’ enchaîne avec la difficulté numéro 2, une longue montée très technique dans un canyon pierreux qui nécessite une certaine agilité. J’arrive en haut au moment où la nuit tombe. Là s’ouvre un immense plateau offrant des pistes très roulantes. Ce sont des pistes minières sur lesquelles des camions font leurs allers retours.

Le vent me pousse fortement vers le CP3, ce qui me permet d’atteindre des vitesses incroyables et de maintenir une bonne vitesse dans les petites remontées de cuvette, et ce malgré le poids du vélo. Du coup, je suis dans une situation mentale très positive. Mais les derniers kilomètres, en descente, qui me mènent au CP3 vont se révéler très compliqués car je m’endors sur le vélo ! Je suis à 20 minutes seulement de mon but mais je suis contraint de faire 2 micro-siestes, debout, arrêté au bord de la piste, la tête dans les prolongateurs. Une telle position, je le sais, m’empêchera de tomber dans un sommeil profond.

Enfin le CP3 ! Il est 1 h du matin et finalement j’ai pris de l’avance sur le programme fixé ! Une tajine, une douche, 3h30 de sommeil, je suis 7ème et je repars avant le lever du soleil. Toute la journée se passe bien. La seule difficulté inattendue est une portion sableuse de 18 km qui, pour certains, nécessitera plus de 6 h, mais que j’arrive à parcourir en 2h grâce à un bon pilotage et aidé par la lueur du jour qui me permet de repérer les bans de sable moins mous qui permettent d’avancer en restant sur le vélo au prix de gros efforts. En effet, une grosse cadence de pédalage est nécessaire pour maintenir la vitesse et donc pour ne pas s’enfoncer dans le sable. En gros, soit il faut marcher et pousser le vélo à pied, avec le sable qui rentre dans les chaussures et qui nous colle au sol, soit il faut pédaler très vite mais ce n’est pas facile physiquement et techniquement (je suis heureux de l’avoir fait de jour, car de nuit cela aurait été l’enfer). A certains moments, il me faut m’éloigner de plus de 500 m de la trace GPS pour trouver les meilleurs bans de sable…

 Je parviens à ne pas dormir la dernière nuit, ce qui me permet d’arriver à ESSAOUIRA peu avant 18 h, après 4 jours et 23 heures de course. Ce dernier jour de course, je me suis arrêté très peu afin de rester dans le top 10. Pas de véritable pause pour manger : je n’ai mangé, lors de micro-pauses, que ce qui me restait dans ma sacoche. A l’arrivée une douche m’attendait, ainsi qu’un buffet à volonté et bien mérité !

Dans mes souvenirs, plus tard, s’associera à cette course le programme des quelques jours qui ont suivi : repos, visites touristiques et emplettes chez divers artisans dont j’ai pu admirer le savoir-faire ancestral.

Pour  conclure, je tiens à préciser je n’ai eu aucun souci avec mon vélo. Il faut dire que l’Echappée et mon père l’avaient bien préparé et je les en remercie. Un grand merci aussi à mon club de Bois-Guillaume, l’USCBB cyclisme, qui contribue à mon entraînement sportif. Et enfin, un grand merci à tous ceux qui m’ont soutenu et encouragé lors de cette course!

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